La fétuque élevée porte-graine
La fétuque élevée est la 3ème espèce de graminées porte-graine la plus cultivée en France après les ray-grass anglais et italien. Les surfaces de multiplication varient de 2000 à 3000 ha selon les années. Les principales zones de production se situent en Champagne, Picardie, Ouest et Sud-Ouest. Les variétés prairiales, avec plus de 2/3 des surfaces produites, dominent le marché face aux variétés gazon.
Fiche d’identité de l’espèce
La fétuque élevée (Festuca arundinacea S.) est une monocotylédone de la famille des Poacées (Graminées). Certaines variétés ont été sélectionnées pour l’exploitation fourragère et d’autres pour le gazon. Près de 80 variétés sont inscrites au catalogue français.
Cycle de la plante
Germination : après l’imbibition, la graine a besoin de températures assez douces (10-20°C) pour germer et émettre des racines et les premières feuilles.
- Tallage : dès le stade 3-4 feuilles, l’émission des talles débute et dure jusqu’au printemps suivant. Certaines talles resteront végétatives ou deviendront reproductrices.
- Vernalisation : pour monter à graine, la talle devra subir deux types d’induction :
– primaire : la plante a besoin d’une période assez longue de froid et de jours courts. Les besoins sont variables et dépendent des variétés (alternativité).
– secondaire : l’accroissement de la durée du jour va déclencher la phase reproductrice. Egalement très variable, cette induction donne à la fétuque élevée une très large gamme de précocité d’épiaison. - Montaison : Au printemps, les tiges des talles reproductrices s’allongent et il existe, à cette époque, une forte compétition entre talles pour l’alimentation minérale et la lumière.
- Epiaison : l’inflorescence est une panicule de grande dimension, composée d’épillets lancéolés.
- Floraison : durée de 15 jours à trois semaines. Espèce allogame (fécondation par du pollen d’une autre plante). Transport du pollen par le vent. Une verse trop précoce, avant le début floraison contrarie l’émission du pollen et la fécondation des fleurs.
- Maturité : 3 semaines à 1 mois après la floraison. La capacité germinative des graines est atteinte 15 à 20 jours après la floraison. La récolte a lieu en juillet.
Caractéristiques de la culture
La fétuque élevée est la graminée la moins exigeante-vis à-vis du type de sol et du climat, tant du point de vue de la production de semences que de la production fourragère.
Exigences de la culture
Exigences réglementaires
En culture :
Parcelle impérativement propre en graminées adventices. Notamment en ray-grass, impossible à détruire dans la fétuque élevée, et aussi en chiendent et bromes. Une distance minimum de 50 mètres est exigée entre 2 parcelles de fétuque élevée (espèce allogame).
Sur semences :
Pureté spécifique : 95 % minimum
Faculté germinative : 85 % minimum
Teneur maxi en semences d’autres plantes : vulpin (0,3%), folle-avoine (0 graine/25000 graines)
Exigences vis-à-vis du sol
Sols trop poussants déconseillés, car un excès de végétation génère de la verse et nuit à la production de graines.
La fétuque élevée est capable de s’adapter à une grande gamme de types de sols, notamment les sols humides.
Exigences vis-à-vis du climat
Résiste aussi bien au froid qu’aux fortes chaleurs : c’est la graminée qui pousse le plus régulièrement tout au long de l’année.
Une bonne disponibilité en eau au printemps est nécessaire pour une bonne montaison des talles reproductrices.
Climat plutôt doux pendant la floraison, sans coups de chaleur, favorable à une bonne pollinisation et donc à l’expression du potentiel grainier.
Itinéraire technique de base
- Semis : souvent réalisé sous couvert (pois, tournesol, céréales…) car la fétuque a besoin d’une période longue pour initier ses futures talles reproductrices l’année suivante (des variétés assez alternatives existent et peuvent être semées en sol nu d’été).
- Désherbage : possibilités limitées dans le couvert. Les ray-grass et d’autres graminées sont impossibles à contrôler chimiquement
- Fertilisation azotée : limitée à 2 apports, au printemps suivant, d’environ 120 kg/ha (en cas de conduite en 2ème ou 3ème année de production de semences, un apport azoté de 30 à 50 kg/ha pourra se faire à l’automne).
- Régulateur de croissance : application possible courant montaison pour éviter une verse trop précoce.
- Maladie : pas de protection fongique systématique mais la rouille noire est à surveiller.
- Ravageurs : contrôle des campagnols
- Récolte : courant juillet, à une humidité de 15 à 35% selon le mode de récolte (récolte directe ou andainage). Une installation de séchage est alors nécessaire pour ramener le lot à une humidité de conservation de 12 %.
Intérêts de l’espèce
La fétuque élevée est une bonne tête d’assolement. Elle permet une amélioration de la structure du sol dans la rotation grâce notamment à son important système racinaire et une augmentation de la teneur du sol en matière organique. Espèce très pérenne, qui peut produire sur 2 ou 3 ans et permet ainsi une économie du travail du sol
Contraintes de l’espèce
Culture d’installation longue et délicate nécessitant un semis sous couvert. Cette espèce est à réserver aux parcelles indemnes de graminées, car les solutions chimiques de désherbage sont très limitées. Après récolte, il faut procéder à l’enlèvement des pailles (si elle est menée en 2ème ou 3ème année de production de graines). Sensible à l’égrenage, la récolte est une opération délicate qui nécessite des conditions sèches et une grande disponibilité du multiplicateur.
Rendement moyen
Le niveau moyen de rendement de l’espèce est assez lié au type (gazon ou fourrage). Les variétés prairiales affichent des rendements compris entre 9 et 13 q/ha et les variétés gazon se situent plutôt entre 12 et 16 q/ha. Certaines variétés peuvent atteindre 25 q/ha.
Pour en savoir plus
« Ressources documentaires » fétuque élevée